Peuples terrestres : instituer nos communs attachements
Sophie Gosselin, Université de Tours
Dans le contexte du dérèglement climatique et face à la multiplication des crises socio-environnementales, de nombreuses communautés d’habitant.e.s font le choix de se doter de processus institutionnels leur permettant de garantir des conditions d’un territoire vivant et durable, autrement dit d’habiter un lieu de vie en communs. Ces communs, ou conditions de renouvellement de la vie et de l’habitabilité de la Terre, ouvrent d’autres manières de faire politique que celui admis depuis la Modernité, c’est-à-dire la contractualisation entre humains et pour la seule finalité humaine d’une vie sociale et économique basée sur l’extractivisme, le ressourcisme et les dominations patriarcales et raciales. Ces dynamiques réhabitantes imaginent des institutions où les humains invisibilisés et les autres qu’humains puissent resurgir dans l’espace politique et démocratique pour nourrir des attachements communs dans des biorégions et sous forme de nouvelles alliances (transgenres, trans-spécifiques, trans-générationnelles et trans-nationales). Depuis ces nouvelles alliances situées des communautés d’habitant.e.s s’instituent comme peuples terrestres, composés de relations multiples en lien avec leurs milieux de vie : peuple-rivière, peuple-montagne, peuple-archipel, peuple-forêt...