Les grandes universités de recherche; autonomie et environnement compétitif.

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3 mars 2015
Auteur(s) :
Robert Lacroix; Louis Maheu, Université de Montréal

Robert Lacroix et Louis Maheu, Université de Montréal

Le programme Prix d’auteurs pour l’édition savante (PAES) a appuyé la publication récente du livre Les grandes universités de recherche : Institutions autonomes dans un environnement concurrentiel par Robert Lacroix et Louis Maheu, publié aux Presses de l’Université de Montréal. Ce livre est également disponible en anglais sous le titre Leading Research Universities in a Competitive World, publié par la McGill-Queen’s University Press. La Fédération des sciences humaines a invité les professeurs Lacroix et Maheu à rédiger ce billet  pour faire connaître leur importante étude à notre collectivité.

Notre livre s’intéresse à un type spécifique d’institutions universitaires : les universités de recherche. Notre premier chapitre en propose une définition et quelques points de repère de leur histoire, récente somme toute.

Nous ne sommes pas des apôtres inconditionnels des exercices internationaux de classement des universités; nous relevons d’ailleurs les faiblesses des plus importants d’entre eux. Utiles à notre démarche ils fournissent des échantillons nationaux d’universités de recherche dont ils révèlent d’ailleurs l’inégale répartition entre pays. Nous tentons d’expliquer cette répartition avec un modèle macro-économique des caractéristiques des sept pays de l’OCDE - États-Unis, Allemagne, France, Japon, Australie, Royaume-Uni et Canada - qui accueillent la part du lion de ces institutions.

Instructif jusqu’à un certain point, ce modèle ne permet pas d’expliquer complétement pourquoi certains pays accueillent davantage, ou moins, d’universités de recherche que le nombre attendu. Poussant plus loin l’interrogation, nous utilisons des échantillons d’universités de quatre pays aux résultats divergents – États-Unis, Grande Bretagne, Canada et France – quant à la répartition internationale des grandes universités de recherche.  

Comment expliquer ces divergences? À l’aide de nombreuses données institutionnelles et quantitatives, nous notons, par exemple, que la quantité des ressources accessibles aux universités joue beaucoup. Mais est aussi cruciale la flexibilité institutionnelle qui découle d’une forte diversité de leurs sources de financement. Est aussi déterminante la manière par laquelle les universités s’approprient leurs ressources humaines, matérielles et financières. Des modes d’appropriation des ressources plus incitatifs et sensibles au rendement, marqués au surcroit d’influences de marché favorisent la performance des universités. La contribution significative de l’État au financement de l’enseignement et de la recherche est incontournable. Cependant la régulation étatique des universités joue aussi un rôle clé quant au degré d’autonomie qu’elles atteignent. 

De plus la manière par laquelle dans un pays donné ces facteurs sont combinés conditionne le rendement de leurs universités. Un équilibre adéquat et structurant entre eux permet aux universités de recherche de se comporter comme des acteurs organisationnels bien intégrés pouvant mieux accéder aux groupes sélects des universités de calibre mondial. 

Cette analyse comparative conclut à la bonne situation en général des institutions canadiennes, notamment des universités de recherche. Notre dernier chapitre ne documente pas moins certaines difficultés qui les confrontent tout en soulignant par ailleurs les importantes dérives auxquelles font face les universités américaines, tant publique que privées, de recherche. 

Robert Lacroix est économiste,  professeur et recteur émérites, Université de Montréal, et Fellow, Centre interuniversitaire en analyse des organisations (Cirano).

Louis Maheu est sociologue, professeur émérite, Université de Montréal, et Fellow, Cirano.

Image: Presses de l'Université de Montréal