L’élaboration efficace de politiques nécessite des voix des sciences sociales et humaines

Blog
19 avril 2017
Auteur(s) :
Steve Higham, Policy Analyst

Blogue par Steve Higham, Analyste des politiques

Les décisions politiques mal éclairées ont des conséquences importantes et durables. Souvent, les critiques tiennent pour acquis que les décisions politiques négatives peuvent être évitées seulement si les décideurs sont guidés par des données et des preuves scientifiques. Toutefois, les données et les preuves ne sont pas les seuls facteurs qui éclairent le processus d’élaboration de politiques. Pour la majorité des questions, les décisions seront influencées par des considérations culturelles et politiques, avec les croyances, principes et valeurs correspondants qu’un gouvernement peut ou pas soutenir.

Ce n’est pas nécessairement un aspect négatif du processus d’élaboration de politiques. Sans le contexte et la compréhension appropriés, les décisions fondées uniquement sur les données et les preuves peuvent être incomplètes, impopulaires ou mener à des conséquences inattendues. Alors que les décideurs cherchent des façons éclairées de répondre à des défis complexes aux multiples facettes, ils ont besoin des perspectives de personnes de milieux variés incluant des sciences sociales et humaines.

Les technologies changeantes, telles que l’intelligence artificielle, les données volumineuses et l’automatisation pourraient avoir des impacts économiques et sociaux profonds et elles soulèvent des questions sociales et éthiques importantes qui ne sont pas facilement résolues uniquement à l’aide de données et d’information. Par exemple, alors que la collecte de données sur les comportements individuels devient de plus en plus omniprésente, comment équilibrer notre désir pour des services personnalisables et efficients avec nos droits à la vie privée? Si l’automatisation déplace de grandes quantités de travailleurs, comment pourrions-nous nous assurer qu’ils demeurent des citoyens impliqués qui contribuent? Comment un véhicule sans conducteur devrait-il priser la vie d’un enfant par rapport à celle d’un adulte (ou deux adultes) dans un scénario où les blessures à l’un ou l’autre sont probables?

De plus, dans un monde « post-vérité », tant les décideurs que les citoyens ordinaires peuvent être sceptiques par rapport aux données et aux preuves si elles ne sont pas présentées et expliquées dans un contexte approprié. Les décideurs peuvent percevoir les chercheurs comme des universitaires non pertinents qui ne comprennent pas complètement les nuances des processus d’élaboration de politiques. Les citoyens peuvent percevoir les experts comme des « élites » déconnectées qui utilisent les données et les faits pour favoriser leurs programmes politiques ou économiques.

Les voix qui peuvent interpréter, contextualiser et communiquer efficacement des connaissances complexes sont essentielles pour s’assurer que les dossiers sont compris et que les réponses politiques sont soutenues. Ces voix peuvent, et viennent souvent de scientifiques et de chercheurs avec des diplômes en STIM. Toutefois, les perspectives des philosophes, des historiens, des politologues, des psychologues et de ceux provenant des nombreux autres domaines tant des sciences humaines que sociales sont tout aussi importantes. Afin de traiter les défis politiques urgents tels que ceux décrits ci-dessus, nous avons besoin de voix importantes et de nouvelles idées de toutes les disciplines.

Le gouvernement fédéral semble comprendre ceci si l’on tient compte de signes encourageants tels que l’affichage du poste de conseiller scientifique en chef. L’affichage invite les candidats qui peuvent « combiner les connaissances et l’expérience et qui peuvent efficacement tenir compte des limites de la science, de l’insuffisance de preuves et de cadrer de façon appropriée les incertitudes. » De plus, L’Examen du soutien fédéral aux sciences a été chargé de déterminer si les processus d’examen et les structures de financement sont « justes et efficaces pour soutenir l’excellence dans toutes les disciplines » (c’est moi qui souligne). Et l’automne dernier, la ministre des Sciences du Canada, Kirsty Duncan a affirmé « Les chercheurs en sciences humaines nous aident à comprendre les questions touchant notre quotidien et fournissent des preuves qui éclairent des décisions politiques judicieuses. »

Mais alors que les inscriptions dans les sciences humaines ont diminué dans les universités à travers le pays et que les conversations sur les « politiques scientifiques » ont quelques fois tendance à cibler le rôle des chercheurs des domaines du STIM, la valeur que les sciences humaines et sociales contribuent au processus d’élaboration de politiques mérite d’être exploré. Pour cette raison, lors du Congrès 2017, Mitacs convoquera un panel de personnes qui ont de l’expérience directe dans le façonnement de politiques de diverses perspectives, incluant deux des premiers récipiendaires de la Bourse pour l’élaboration de politiques scientifiques canadiennes de Mitacs. Ils se rencontreront pour explorer des questions telles que :

  • Comment les sciences humaines et sociales s’insèrent-elles dans la relation entre les communautés scientifiques et politiques?
  • Quelles sont les forces que les chercheurs des sciences humaines et sociales ont pour influencer les politiques? Quelles sont les faiblesses?
  • Comment les processus d’élaboration de politiques peuvent-ils être efficients et réactifs tout en tenant compte de multiples perspectives?

Foire aux carrières du Congrès 2017 : Qu’est-ce qui suivra votre diplôme en sciences sociales et humaines?
Mitacs organise aussi un événement de la Foire aux carrières le 31 mai 2017, qui vise les étudiants des cycles supérieurs des sciences sociales et humaines (SSH) intéressés par des occasions de carrières à l’extérieur du milieu universitaire.

À propos de Mitacs
Mitacs est un organisme national sans but lucratif qui offre des programmes de recherche et de formation aux étudiants et chercheurs postdoctoraux de toutes les disciplines. Nous travaillons avec des universités, des entreprises et des organismes sans but lucratif, des partenaires internationaux et des gouvernements pour créer des partenariats qui appuient l’innovation sociale et industrielle au Canada.