Une innovation canadienne unique : le 84e Congrès des sciences humaines

Blog
11 mai 2015
Auteur(s) :
Jean-Marc Mangin and Nour Aoude, Federation for the Humanities and Social Sciences

Jean-Marc Mangin et Nour Aoude, Fédération des sciences humaines

Certaines choses changent…

Il est peut être difficile d’imaginer que le Congrès, un rassemblement réunissant plus de 8 000 lettrés et chercheurs, a débuté lorsqu’une poignée de sociétés savantes ont contemplé l’idée de tenir leurs rencontres annuelles au même endroit, en même temps. En fait, il s’avère que cette initiative a vu le jour dès 1922! Les précurseurs comme l’Association canadienne de science politique (ACSP), la Société historique du Canada et la Société royale ont pris les devants jusque dans les années 1930 et 1940, sous la dénomination « Learneds » (sociétés savantes). Cela peut sonner grandiloquent, mais nos meilleures estimations suggèrent que l’ensemble de la population des spécialistes en sciences humaines et en sciences sociales n’excédait pas à l’époque le nombre de 400!

En parcourant les archives du Congrès, nous constatons que la fréquentation de ces réunions fondatrices était presque exclusivement masculine jusqu’au début des années 1960. La diversité des participants au Congrès d’aujourd’hui créerait une onde de choc chez les fumeurs de cigares mâles de ces premières années.

L’Ontario et le Québec ont continué à être le pôle de rencontre exclusif jusqu’en 1948. C’est seulement cette année-là que l’ancêtre du Congrès s’est déplacé en dehors du Canada central et s’est tenu à la University of British Columbia, suivi en 1949 par la Dalhousie University. Le Congrès s’est, depuis, tenu dans toutes les dix provinces.


…et d’autres non.

On peut être assez surpris à quel point les intentions initiales de ces « Learneds » sonnent aujourd’hui pertinentes et contemporaines. Trois de leurs objectifs visaient à augmenter au pays la visibilité des humanités et des sciences sociales (en particulier par rapport aux sciences naturelles), à élever le caractère multidisciplinaire des sciences humaines et à mobiliser les connaissances nouvelles les plus pointues pour répondre aux questions auxquelles fait face la société canadienne.

Ces objectifs sont aussi pertinents aujourd’hui qu’ils l’étaient alors. Mais nous avons fait beaucoup de chemin, notamment en reconnaissant la valeur des domaines d’application interdisciplinaires et multidisciplinaires qui constituent aujourd’hui une large part des 70 associations présentes au Congrès.

Le Congrès aujourd’hui

Depuis 1998, la Fédération des sciences humaines s’est fait charge d’organiser le Congrès de concert avec l’université d’accueil.  Le Congrès est une innovation canadienne unique – un des plus imposants rassemblements multidisciplinaires de spécialistes en sciences sociales et d’humanistes dans le monde. Nous sommes conscients que le Congrès peut et doit jouer un important rôle dans la vie des idées au Canada et contribuer à façonner une société du savoir démocratique et inclusive. Nous avons ouvert le Congrès au public intéressé, encouragé nos membres à s’attaquer aux questions épineuses dans une grande variété de disciplines et de points de vue et nous nous employons à rendre l’événement visible à l’échelle internationale.

Il reste beaucoup à faire pour transformer le Congrès d’une « rencontre des rencontres » en un espace dynamique, accessible et interactif de brassage d’idées et de débats autour des enjeux qui nous interpellent tous, et ce, en tenant compte des progrès de recherche et d’enquête les plus récents.

Le Congrès continuera de se développer et d’évoluer. Visionnez simplement la conférence Voir grand « Frontières sans limites » avec Kevin Kee pour en savoir davantage sur l’évolution du Congrès entre 1996 et 2014.