P.K. Page, une poétesse qui montre la voie aux femmes

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1 mai 2014


Par Daniel Drolet


Selon Sandra Djwa, la poétesse canadienne P.K. Page peut servir de modèle à toute jeune femme qui songe à une carrière littéraire.

Bien avant que cela ne soit à la mode ou même habituel, affirme Mme Djwa, Page a réussi à se tailler une place comme poétesse et artiste – en fait un des plus grands poètes et artistes visuels du Canada, avec une réputation internationale.

Mme Djwa est l’auteure de Journey with No Maps, la première biographie complète de Page, qui a vécu de 1916 à 2010. Elle vient de recevoir pour ce travail le Prix du Canada 2014 en sciences humaines de la Fédération des sciences humaines.

Mme Djwa, maintenant professeure émérite d’anglais à l’Université Simon Fraser en Colombie-Britannique, a rencontré Page en 1970 et est restée en communication avec elle jusqu’à sa mort.

La biographie de Mme Djwa raconte l’histoire d’une femme moderne, dans le contexte culturel de l’époque, d’une vie riche et intense d’une femme qui a été poète, artiste, épouse, belle-mère, amie et mentor.

« Sa vie est aussi intéressante que celle de toute autre Canadienne du 20e siècle que je connaisse, » affirme Mme Djwa.

« Elle a réussi à faire tout cela à une époque où le mariage était tout ce qu’on attendait d’une femme. Elle a réussi à mêler ce que voudrait une femme moderne – c’est-à-dire du succès dans son art – à l’idée plus traditionnelle de la femme comme ménagère ».

Et elle l’a fait à ses propres conditions, car comme le titre du livre l’indique, sa vie a été une découverte, un voyage sans cartes.

« Il y avait l’ancienne façon de voir les choses, c’est-à-dire mariage et enfants, et l’autre façon, c’est-à-dire devenir une femme de carrière. Très peu de femmes ont réussi à faire le pont entre les deux visions. Elle l’a fait 15 ou 20 ans avant que les poétesses américaines reconnaissent qu’elles pouvaient en faire autant ».

P.K. Page (P.K. pour Patricia Kathleen) a grandi dans l’Ouest, la fille d’un officier de l’armée, et a décidé très jeune de devenir écrivain. À 17 ans, un voyage en Angleterre lui fait découvrir un monde plus large et elle est revenue convaincue de sa vocation.

Elle plonge dans le monde littéraire à Montréal au début des années 1940 et elle vit une idylle avec F.R. Scott, avocat et un grand poète canadien.

« A bien des égards, dit Mme Djwa, Scott a été l’homme le plus remarquable de sa génération, tout comme elle a été la femme la plus remarquable de la sienne ».

En 1950, son aventure avec Scott terminée, elle épouse Arthur Irwin, un veuf qui dirigeait à l’époque l’Office national du film. Il est plus tard devenu diplomate et elle l’a suivi à l’étranger.

C’est au Brésil qu’elle se tourne vers les arts visuels. Le fait de ne pas régulièrement entendre parler anglais tout autour d’elle l’empêchait de créer de la poésie en anglais; elle trouve alors dans les arts visuels un autre débouché pour ses talents.

Elle revient à la poésie une fois de retour au Canada, et à la fin de sa vie ses écrits prennent un virage vert lorsqu’elle se met à parler d’environnementalisme dans des poèmes comme Planet Earth et Address at Simon Fraser.

« À tous les égards, elle a su montrer la voie », affirme Mme Djwa.

Sandra Djwa est professeure émérite d’anglais à l’Université Simon Fraser et auteure de Journey with No Maps: A Life of P.K. Page, un livre publié par McGill-Queen’s University Press.