Les connaissances des peoples autochtones montrent la voie de la durabilité écologique

Blog
8 avril 2016
Auteur(s) :
Nancy J. Turner, Distinguished Professor and Hakai Professor in Ethnoecology, School of Environmental Studies, University of Victoria

Nancy Turner affirme que les connaissances acquises au fil des millénaires par les peuples autochtones montrent qu’il est possible de développer une approche durable à l’utilisation des ressources naturelles. Ces connaissances, dit-elle, ont permis à ces peuples de survivre et même de s’épanouir en dépit de changements climatiques aussi importants que la fin de la dernière époque glacière.

Mme Turner, une spécialiste en ethnobotanique, vient de gagner le Prix du Canada 2016 en sciences sociales pour un livre en deux tomes qui explore la connaissance des plantes que possèdent les peuples autochtones du nord-ouest de l’Amérique du Nord. Le prix est attribué par la Fédération des sciences humaines.

Intitulé Ancient Pathways, Ancestral Knowledge: Ethnobotany and Ecological Wisdom of Indigenous Peoples of Northwestern North America, le livre examine la relation entre les habitants et les plantes d’une région qui s’étend de la rivière Columbia dans le nord-ouest des États-Unis à la partie sud de la côte de l’Alaska.

Les relations sont de longue date, car la région est habitée depuis environ 14 000 ans; même quand le reste du continent était recouvert de glace, des parties de cette région ne l’étaient pas.

Au fil des millénaires, les gens ont accumulé et répandu leur connaissance des plantes qui faisaient partie de leur vie quotidienne et qui servaient de nourriture et/ou de médicaments. Le livre de Mme Turner présente en détail ses connaissances, qui aujourd’hui risquent d’être perdues.

Mme Turner a noté que même s’il existait plusieurs différences entre les groupes de personnes qui faisaient partie de son étude, « il y avait des concordances remarquables et des preuves très évidentes d’un échange de connaissances et d’apprentissage par-delà les frontières géographiques, cultures et linguistiques ».

Et ces connaissances remontent très loin dans le temps. Par exemple, elle affirme que l’étude du pollen montre que la shépherdie du Canada, une baie qui sert de nourriture, pousse dans la région depuis l’époque glacière. Lorsque Mme Turner a comparé les noms de différentes espèces de plantes dans différentes langues, elle a trouvé que la shépherdie du Canada avait le plus haut taux de concordance de noms de toutes les plantes de la région – ce qui laisse suggérer que la plante est importante, fait l’objet d’échanges, et est connue depuis très longtemps.

Mme Turner insiste sur le volume d’information été accumulé au fil des siècles. « Je tiens à vraiment souligner à quel point les connaissances concernant les plantes et l’environnement sont riches et détaillées », dit-elle.

« Nous avons souvent un préjugé favorable en ce qui concerne les connaissances occidentales, poursuit-elle. Nous avons tendance à dire que les universitaires et les peuples occidentaux ont toutes les réponses. Mais le dossier montrent que les gens ici vivaient autrement, ils vivaient de façon à assurer la pérennité des plantes et des animaux dans leur entourage.

« Il y a donc des leçons à apprendre quant à la conservation. Nous ne sommes pas toujours obligés de créer des endroits qui sont interdits aux humains. Nous devons simplement savoir mieux travailler avec les processus naturels, ce que font les gens ici depuis des millénaires ».

Le livre est le résultat de 40 ans de collaboration avec les peuples autochtones et les écosystèmes naturels du nord-ouest de l’Amérique du Nord. Mme Turner se sert des plantes pour examiner le mouvement des peuples, le changement linguistique, les stratégies de collecte des aliments, les pratiques médicinales, et la transmission des connaissances.

Mme Turner, qui s’intéresse aux plantes depuis son enfance, raconte qu’elle a eu beaucoup de plaisir à ramasser tout le matériel et è faire des découvertes enlevantes au sujet des liens entre différents choses.

Nancy J. Turner est professeure distinguée et professeure Hakai en ethnoécologie à la School of Environmental Studies de l’Université de Victoria. Elle est l’auteure d’Ancient Pathways, Ancestral Knowledge: Ethnobotany and Ecological Wisdom of Indigenous Peoples of Northwestern North America publié by McGill-Queen’s University Press.