Réaliser et réimaginer l'anxiété climatique - Aimer comme s'il n'y avait pas de lendemain  

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9 juin 2023
Auteur(s) :
Erika Dilling

par Erika Dilling, spécialiste de la santé mondiale et de l'environnement, 3e année à l'Université York

"Quand je pense au climat, je me sens..." Laureline Simon, fondatrice et directrice de One Resilient Earth, a posé la question au groupe virtuel d'universitaires et d'activistes climatiques. Bien qu'il s'agisse d'une question relativement simple, j'ai eu du mal à y répondre. Les débats sur Twitter, les cours universitaires et les documentaires de Netflix m'ont appris les mécanismes du changement climatique, mais m'ont laissée quelque peu inapte à réfléchir à mes émotions sur le sujet. Je me suis demandé si j'avais déjà eu une conversation honnête sur le changement climatique. 

L'anxiété climatique, "un sentiment écrasant de peur, de tristesse et de crainte existentielle face à une planète qui se réchauffe", est un effet sous-estimé de la crise climatique. Pour créer un avenir durable, il faut des individus, des communautés et des écosystèmes résilients, qui sont tous mis à rude épreuve lorsque l'anxiété climatique n'est pas prise en compte. Une étude publiée dans The Lancet a révélé que l'anxiété climatique est bien plus pressante que ce que l'on pensait à l'origine, en particulier chez les jeunes. Soixante-quinze pour cent des personnes interrogées ont reconnu que l'avenir était "effrayant".  

"Nous, les enfants, faisons cela pour réveiller les adultes. Nous, les enfants, faisons cela pour que vous mettiez de côté vos différences et que vous commenciez à agir comme vous le feriez en cas de crise. Nous, les enfants, faisons cela parce que nous voulons retrouver nos espoirs et nos rêves". 

- Greta Thunberg, discours de la Chambre des députés, 2019 

Les inquiétudes liées au réchauffement de la planète, à l'absence de réaction des gouvernements et à la course au profit des entreprises ne sont pas infondées, loin s'en faut. Mais comme l'a souligné Laureline Simon, "cela doit être inconfortable, mais pas douloureux". L'intégration de "l'appartenance à la terre" (le sentiment d'être désiré.e et accueilli par la terre), de l'imagination, de la créativité, du bien-être relationnel, de la sagesse corporelle et de la fluidité émotionnelle peut contribuer à élargir nos fenêtres de tolérance individuelles et collectives. La première étape peut être décourageante : parler de nos sentiments.  

Lorsque je pense au changement climatique, je me sens parfois engourdie, coupable et frustrée. Je choisis de croire en un avenir positif pour notre planète, non pas parce que je pense que c'est le scénario le plus probable, mais parce que je ne sais pas comment faire face à l'alternative. Je vous invite dans l'espace que Laureline Simon a construit grâce à sa propre vulnérabilité. Si nous croyons vraiment que nous appartenons à la terre, nous devons aussi croire que nous appartenons les un.e.s aux autres. De plus, de cette appartenance découlent la réciprocité, la vulnérabilité et l'acceptation. À une époque où l'accablement est intense et les catastrophes sans précédent, aimer est un acte radical.  

Alors que le Congrès 2023 touche à sa fin et que la vie reprend son cours normal, n'oubliez pas l'importance de prendre soin de vous. Prenez soin de vous comme si la planète en dépendait. D'autres ressources sont disponibles sur le site oneresilientearth.org