Réflexions sur le B.A. en devenir

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22 septembre 2014
Auteur(s) :
Jean-Marc Mangin, Executive Director, Federation for the Humanities and Social Sciences

Jean-Marc Mangin, directeur général, Fédération des sciences humaines

Le B.A. canadien est en voie de se transformer sous nos yeux, sûrement mais subtilement, comme l’indique Antonia Maioni dans un éditorial publié la semaine dernière dans The Globe and Mail. Le programme de la University of Toronto dont je suis sorti diplômé il y a plus de 25 ans en est un exemple — il a conservé le même nom, mais le contenu a évolué dans des directions nouvelles et fascinantes et fait des progrès considérables pour préparer les étudiants à l’inattendu. Leslie Chan, superviseur du programme d’études du développement international à la University of Toronto de Scarborough a grandement contribué à cette transformation.  

Chan connaît bien la préoccupation commune des étudiants de première année : « Quelle sorte d’emploi vais-je obtenir avec ce diplôme? »

Il est honnête avec ses étudiants : de nos jours, beaucoup peut changer en quatre ans. Durant cette période, des emplois traditionnels sont amenés à disparaître, tandis que d’autres qui n’avaient jamais existé auparavant sont créés. Certains étudiants devront inventer leurs descriptions d’emploi et leurs titres. Ces étudiants, insiste-t-il,  réussissent fort bien sur ce plan.

Le mérite revient ici aux programmes de lettres, sciences sociales et humaines, comme le sien, qui ont reconnu le changement de paradigme survenu sur le marché de l’emploi et se sont restructurés et réinventés pour répondre aux besoins des étudiants. Les programmes de B.A. actuels reconnaissent que la plupart des étudiants ne recherchent pas  des connaissances disciplinaires pour travailler dans un domaine spécifique; ils recherchent plutôt une préparation ouvrant sur de multiples possibilités d’emploi. La multiplication des diplômes interdisciplinaires est la meilleure réponse que le B.A. puisse apporter à cette réalité.

« Si vous remontez 20 ans en arrière, les programmes avaient tendance à être plutôt traditionnels, circonscrits à des disciplines, si vous voulez », me dit Chan. « Aujourd’hui, vous entrez à l’université et vous observez un nombre beaucoup plus important de programmes interdisciplinaires. »

L’UTSC, par exemple, offre des programmes en arts, culture et médias qui rassemblent des spécialistes en histoire de l’art, beaux-arts, littérature anglaise et études des médias. Les étudiants bénéficient ainsi d’une approche actuelle de la compréhension du monde qui les prédispose à s’adapter à des réalités en constante évolution.

Les programmes, depuis les sciences de la santé aux études des politiques et du développement, exposent les étudiants à des érudits dans différents domaines qui œuvrent ensemble à des intérêts communs.  Les diplômés du programme de Chan peuvent cheminer et devenir des responsables des politiques, des professionnels du développement, des concepteurs de programme, des avocats ou des titulaires d’un doctorat. Quel que soit leur parcours professionnel, ces étudiants seront porteurs de l’éthique et de l’éthos de leur programme interdisciplinaire.

Le nouveau B.A. interdisciplinaire renverse de manière spectaculaire la perception publique des sciences humaines en tant qu’outils d’éducation obsolètes et peu pratiques. Ces programmes occupent une place de choix dans l’enseignement postsecondaire et la préparation à l’emploi. Les temps, eux, changent, et le B.A. actuel surfe sur la vague du changement, en toute confiance et avec brio.