Le parcours de carrière des diplômés en sciences humaines plus stable avec le temps

Blog
28 novembre 2014
Auteur(s) :
Matthew McKean, Policy Analyst, Federation for the Humanities and Social Sciences

Matthew McKean, Analyste des politiques, Fédération des sciences humaines

Vous savez, ces amis diplômés dans les domaines de l’informatique, des mathématiques, des sciences de l’ingénieur et de l’administration des affaires — ceux-là mêmes qui n’ont jamais pris vraiment au sérieux votre diplôme ès arts et qui se vantaient des salaires mirobolants gagnés à l’issue de leurs études? En réalité, leurs emplois et leurs revenus se sont avérés plus volatils qu’ils n’étaient disposés à l’admettre. Une nouvelle étude a permis de constater qu’au cours des quelque quinze dernières années, les diplômés en lettres, sciences humaines et sciences de la santé ont connu des parcours de carrière plus stables.

Le rapport, cosigné par le professeur Ross Finnie, directeur de l’Initiative de recherche sur les politiques de l’éducation à l’Université d’Ottawa, rend compte de l’enquête menée auprès de 82 000 diplômés de cette université sur une période de 13 ans. Statistique Canada a donné à l’équipe de recherche de l’Université d’Ottawa accès aux données des dossiers fiscaux permettant de mesurer les salaires et de suivre les résultats des diplômés commençant par la cohorte de 1998 jusqu’en 2011. L’étude a permis, dans le même temps, de comparer les revenus des diplômes selon le sexe.

L’étude a constaté que les salaires moyens dans l’année suivant l’obtention du diplôme étaient modestes, dans une fourchette allant de 41 000 $ à 47 000 $, mais qu’ils augmentaient de façon importante par la suite. Et alors que les salaires de départ des diplômés provenant de différentes facultés variaient, les augmentations de salaires variaient elles aussi avec le temps. Les diplômés en informatique et en sciences de l’ingénieur arrivaient toujours en tête, tant au début qu’à la fin de l’étude. Mais leur parcours, conjointement avec celui des diplômés en administration, mathématiques et sciences naturelles était plus semé d’embûches pour arriver au palier des 100 000 $ que pour les diplômés en lettres, sciences humaines et sciences de la santé dont les revenus augmentaient à un rythme moins important mais plus constant.

Constat tout aussi encourageant pour les diplômés en sciences humaines : la moyenne salariale des mieux rémunérés 13 ans après l’obtention du diplôme se situait entre 75 000 $ et 125 000 $. Leurs collègues aux revenus plus élevés dans l’informatique et les sciences de l’ingénieur ont connu des baisses de salaires considérables - aux environs de 30 000 $ - au pic de l’effondrement des années point-coms. Pour leur part, les diplômés en administration des affaires se situaient sur le plan salarial dans la fourchette la plus élevée, tandis que la récession de 2008 a eu un impact négatif toutes catégories confondues.

Beaucoup moins encourageant était le fait qu’au cours de la même période l’écart continuait de subsister entre le salaire des hommes et celui les femmes tous groupes confondus, selon un différentiel moyen qui se situait initialement autour de 10 000 $ et qui est allé croissant jusqu’à 20 000 $ en 2011. L’écart était plus prononcé dans les domaines des sciences de l’ingénieur et de l’informatique (entre 15 000 $ et 30 000 $). La disparité salariale fondée sur le sexe était inférieure dans tous les autres groupes universitaires et dans certains cas inexistante au départ, mais elle augmentait dans tous les cas avec le temps. L’écart de rémunération entre les genres et les raisons pour lesquelles certains diplômés demeuraient à des niveaux de revenu inférieurs à intermédiaires sont des questions qui demandent à être éclaircies et qui nécessitent une étude plus approfondie. Il en est ainsi de la répartition des emplois, aussi bien par la discipline que par la distribution géographique, des 82 000 diplômés.

Le message qui mérite d’être retenu du rapport de l’Université d’Ottawa est cependant que, sur le plan de la rémunération, les diplômés en sciences humaines finissaient par se situer à peu près à la même place que leurs homologues des disciplines scientifiques et y parvenaient sans subir les fluctuations et l’imprévisibilité de leurs collègues diplômés en sciences informatiques et de l’ingénieur, en mathématiques et en administration. En fait, concluait le rapport, les diplômés en sciences humaines qui étaient parmi les moins rémunérés au début « enregistraient de hausses salariales substantielles au fil du temps, dépassant même leurs collègues diplômés en lettres et en sciences de la santé. »

Ces constatations sont de nature à encourager les étudiants qui envisagent de poursuivre leurs études en sciences humaines. Leurs compétences sont demandées et leurs salaires concurrentiels. Mieux encore, ils peuvent avoir l’assurance que le choix d’un emploi dans des domaines créatifs et sociaux ne sera pas au détriment de la stabilité financière et professionnelle.