Cette reconnaissance du territoire....

Blog
18 avril 2023
Auteur(s) :
Ruth Green, Associate Professor, Indigenous Research, Guest and Host Relationships - York University

Cette reconnaissance du territoire... 

est devenue une case à cocher...

Savez-vous qui sont ces nations? 

Ne s'agit-il pas simplement d'une performance...

Ces déclarations/questions/réflexions sont courantes et, aujourd'hui plus que jamais, il est important d'engager une conversation et un dialogue plus approfondis sur les relations et les responsabilités.

La reconnaissance du territoire ou la déclaration territoriale est une première étape dans la compréhension de l'occupation des terres autochtones. Les responsabilités ne s'arrêtent pas là. Le Guide des protocoles autochtones préparé pour le Congrès 2023 comprend un historique et une explication de la reconnaissance du territoire sur lequel se situe l'Université York. Il y est question des nations et de la ceinture wampum "Dish with One Spoon". Une section explique également quand et qui doit procéder à une reconnaissance du territoire :

    Nous espérons que l'hôte, le/la coordinateur.trice ou les organisateur.trice.s fourniront leurs propres réflexions sur la reconnaissance du territoire et offriront des pistes de réflexion aux participant.e.s dans leur session..... Au lieu d'opter pour la non-participation, optez pour la participation totale! Lors de la reconnaissance du territoire, veillez à ce qu'elle soit en rapport avec la réunion ou l'événement, et si vous pouvez la personnaliser, c'est encore mieux.  

Dans ce billet de blogue, j'ai l'intention de partager plus en détail ce que cette déclaration signifie pour moi. En écrivant que nous espérons que les personnes offriront "matière à réflexion", nous leur demandons de réfléchir aux privilèges qu'ils ont acquis en vivant sur des territoires occupés, et de relier ces privilèges au travail qui est partagé lors de la session tout en prenant des engagements tangibles en faveur de la solidarité.

En suggérant que les personnes s'engagent complètement, nous demandons des relations réciproques et respectueuses. Nous demandons qu'en pénétrant dans ces territoires, vous donniez (à la fois en remerciement et de manière physique) aux ancêtres passés et futurs - que vous soyez ouverts aux apprentissages et aux enseignements des nations Anishinaabe et de la Confédération Haudenosaunee.

L'idée que la reconnaissance du territoire est une case à cocher qui n'est pas "obligatoire" est problématique. Ce n'est qu'une case à cocher si elle est lue sans engagement ni sentiment. Il ne devrait pas s'agir d'un document que le/la lecteur.trice parcourt par hasard sans réfléchir à ce que cela signifie de lire des mots qui sont habituellement rédigés par les Autochtones d'une institution (comme c'était le cas pour la reconnaissance du territoire de York). Si vous avez lu une reconnaissance du territoire pour votre propre institution, avez-vous découvert qui a travaillé à l'élaboration de cette reconnaissance du territoire? Avez-vous pris la responsabilité de comprendre le choix des mots? Avez-vous pris l'engagement d'en faire une affaire personnelle?

Pour moi, il s'agit d'une question personnelle. Il s'agit de reconnaître mes ancêtres qui se sont battus contre les structures coloniales afin que je puisse dire fièrement aujourd'hui "Je suis Haudenosaunee". 

Pris soin ou pris en charge... 

Je pourrais raconter de nombreuses histoires sur les raisons pour lesquelles les mots de la reconnaissance du territoire de York sont intentionnels. L'une des phrases que j'entends modifier et qui, pour moi, change de sens est la suivante : "La région connue sous le nom de Tkaronto a été prise en soin par la Nation Anishinabek, la Confédération Haudenosaunee et les Hurons-Wendats". Faut-il dire "prendre soin" ou "prendre en charge"? Cette phrase est intentionnelle. Il s'agit de relations. Il s'agit d'une question de gestion. Lorsque j’entends "prendre en charge", je pense à ce panneau écrit en innu, en français, en anglais et en naskapi. On pense que chaque langue communique la même chose ou une chose similaire, mais en réalité, les visions du monde et les relations avec la terre sont comprises différemment.  

Les nations Anishnabek, parfois appelées Confédération des trois feux, sont composées de trois nations d'origine (Ojibway (Chippewas), Odawa et Potawatomi) auxquelles se sont jointes d'autres nations par la suite. L'un des principaux enseignements des nations Anishnabek est celui des sept grands-parents. Ces enseignements portent sur l'éthique et les attentes en matière de comportement. Ils consistent en sept idées/mots qui guident la vie éthique : Amour, Respect, Vérité, Honnêteté, Sagesse, Bravoure et Humilité.

 
Les Haudenosaunee ont les Grandes Lois de la Paix qui nous ont été expliquées par notre Grand Pacificateur qui nous a appris à vivre avec un bon esprit, libre et dégagé de toute altération. Les Haudenosaunee remercient toute la Création, car la terre, les eaux, les arbres, les plantes, les oiseaux, les rampants et les quadrupèdes continuent à assumer leurs responsabilités en fonction des cycles et des étapes des saisons et de la vie. Souvent, au lieu de lire une reconnaissance du territoire, les Haudenosaunee récitent le discours d'action de grâce (le Ohen:ton Karihwatehkwen).

 
Ainsi, lorsque vous vous réunirez à York ce printemps, écouterez-vous ou lirez-vous la Reconnaissance du territoire avec émotion, engagement et conscience? Entendrez-vous comment nous avons écrit ces mots avec intention et responsabilité?

 
Lorsque vous réfléchirez à la manière de nouer des relations ou d'apporter votre soutien, vous pourrez également envisager de faire un don en argent à une organisation autochtone des communautés locales de Tkaronto. Nous vous souhaitons la bienvenue sur ce territoire et espérons établir de bonnes relations.