Le Canada a besoin de se doter d’un Conseiller principal à la recherche et au savoir

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7 mars 2016

Il est très encourageant de constater que le gouvernement canadien progresse dans son programme du savoir en commençant par le rétablissement de la version longue du formulaire de recensement. La Fédération est ravie d’avoir à participer à un autre développement stimulant : la création d’un poste de conseiller principal en recherche au sein de l’administration fédérale. Récemment, la Fédération a adressé ses recommandations à la ministre des Sciences Kirsty Duncan en prévision de la création d’un poste de Conseiller principal à la recherche et au savoir. 

Au cours de la campagne électorale de 2015, le Parti libéral du Canada s’était engagé à nommer un Directeur scientifique. Peu après la formation du nouveau gouvernement, le premier ministre donne suite à la promesse en chargeant la ministre Duncan de créer le poste. La Fédération soutient sans réserve ce projet et a soumis un ensemble de recommandations susceptibles, à notre avis, de rendre le système consultatif de recherche du Canada le meilleur au monde. 

Un mandat élargi à tous les domaines de la recherche

Notre recommandation première est que le nouveau conseiller œuvre pour faire en sorte que les décideurs prennent utilement en compte les données probantes issues de tous les domaines de la recherche à l’appui de l’élaboration des politiques publiques. Le conseiller ne devrait donc exclure a priori aucune discipline de recherche pouvant aider les responsables des politiques à prendre des décisions plus éclairées et responsables. Ce serait une erreur pour un conseiller scientifique principal de se limiter à une interprétation étroite de qu’il faut entendre par « science », un terme employé communément pour désigner surtout des disciplines technologiques et naturelles. 

Cela se révèle particulièrement vrai dans le contexte du gouvernement dont les responsabilités s’étendent à des enjeux comme ceux du processus de réconciliation entre les peuples autochtones et non autochtones, l’accueil et l’intégration des réfugiés aux communautés locales, l’adaptation aux changements climatiques et ainsi de suite. Le comportement humain, les interactions sociales, les systèmes communautaires et les valeurs culturelles sont au cœur de toutes ces questions. Les faits établis par les disciplines de recherche axées sur l’étude des sujets humains peuvent et doivent orienter les décisions de politique publique importantes. Nous estimons que ce souci doit être au centre du mandat confié au conseiller en recherche et que le gouvernement devrait reconnaître cette approche plus inclusive en attribuant au titulaire désigné à ce poste le titre de « Conseiller principal à la recherche et au savoir ». 

Ces données probantes et ces connaissances doivent provenir  de milieux de recherche canadiens solidement implantés, qui comprennent les universités, les associations savantes et les chercheurs individuels. De plus, nous recommandons fortement que le conseiller fasse bon accueil et une place importante aux savoirs traditionnels autochtones. Le conseiller principal à la recherche n’a pas besoin d’être un expert dans toutes les matières. Il est beaucoup plus important qu’il fasse office de coordonnateur chevronné, capable de convoquer à la table des principaux acteurs les bonnes personnes ayant la compétence recherchée et ce,au stade approprié du processus d’élaboration des politiques.

Des conseils avisés en matière de recherche nécessitent plus d’une personne

S’il importe que le nouveau conseiller en recherche soit investi d’un mandat précis, il est également vital qu’il puisse s’en acquitter efficacement. Grâce à l’expérience d’autres pays, nous en savons beaucoup sur ce qui rend efficaces les systèmes consultatifs de recherche. Une des leçons les plus importantes est qu’un conseiller principal ne peut à lui seul assumer cette tâche et qu’il convient de mettre en place un véritable système consultatif. Nous préconisons donc que le conseiller principal soit soutenu par un réseau de conseillers en recherche présents dans les principaux ministères fédéraux. L’expérience du Royaume-Uni et de la Nouvelle-Zélande en particulier, a démontré le bien-fondé de cette démarche. Nous recommandons également que le conseiller principal instaure un dialogue permanent avec ses homologues d’autres pays et ceux des provinces et des territoires, dans l’espoir que l’on dote d’autres postes analogues avec le temps.

Fondamentalement, la création d’un système consultatif de recherche efficace nécessite un dosage subtil d’un grand nombre d’ingrédients. Vous avez besoin d’un mandat large et inclusif afin que toutes les disciplines de recherche puissent contribuer à une bonne politique publique. À cela s’ajoute un réseau intergouvernemental de conseillers en recherche en mesure de réunir l’information pertinente. Le conseiller principal doit se trouver à un niveau de gouvernement où il pourra jouir de l’indépendance nécessaire et avoir un poids réel, y compris celui de garantir la transparence des systèmes de recherche et de connaissance publics. Le conseiller devra disposer des ressources dont il aura besoin pour mener à bien son travail. Et un processus doit être mis en œuvre pour s’assurer que les constatations de la recherche seront employées à bon escient dans l’élaboration des politiques. 

Nous ne nous attendons pas à ce que tous ces éléments soient réunis du jour au lendemain. Un grand nombre d’entre eux prendront inévitablement du temps. Mais en 2016, nous avons une belle opportunité de partir du bon pied. Avec le temps, le Canada peut se doter d’un système de calibre mondial qui nous aidera à achever le processus de prise de décision éclairé, responsable et innovant dont nous aurons besoin pour un futur plus tributaire du savoir.