Remarques de Gabriel Miller sur le rapprochement des francophonies canadiennes à travers la recherche et l'enseignement supérieur

Blog
July 7, 2020

Dans le cadre du Colloque virtuel de l’Association francophone pour le savoir (Acfas)
Les 6 et 7 mai 2020

En vue du Sommet de rapprochement des francophonies canadiennes, qui mènera à la prochaine politique du Québec en matière de francophonie canadienne, ce colloque visait à réfléchir au rôle - actuel et futur - du milieu de la recherche et de l'enseignement supérieur dans le rapprochement des francophonies canadiennes. Gabriel Miller, Président et Chef de la direction de la Fédération des sciences humaines, nous livre ses remarques concernant le positionnement et les actions de la Fédération sur ce sujet.

Aujourd’hui, on m’a donné l’opportunité de discuter de deux questions : que fait la Fédération pour soutenir les chercheurs francophones dans un contexte minoritaire? Et que souhaitons-nous faire à l’avenir?

Je vais commencer par aborder la question numéro un : que faisons-nous déjà à l’heure actuelle?

De nombreuses choses me viennent à l’esprit mais je ne suis pas certain qu’elles répondent bien aux besoins spécifiques des francophones en dehors du Québec. Peut-être est-ce là une erreur.

Nous avons plutôt tendance à penser en termes plus généraux – comment nous soutenons nos membres francophones, quelle que soit leur provenance. Cette liste inclut plusieurs choses différentes : l’interprétation simultanée lors de nos causeries Voir grand sur la Colline parlementaire, les billets de blogues écrits par des chercheurs francophones, la traduction des documents de gouvernance, le maintien de sites Internet, plateformes de réseaux sociaux et systèmes d’inscription bilingues, et l’assurance d’une présence francophone forte au sein de notre Conseil d’administration.

Pour qu’une organisation telle que la nôtre soutienne les chercheurs francophones, il faut que nous créions un environnement – et une culture – qui leur soit accessible. Cela veut dire s’assurer que tout ce que nous faisons implique une dimension de langue française forte et de grande qualité. Cela veut dire garantir que les francophones puissent poser leurs candidatures aux bourses de notre programme du PAES, et que leurs chances de succès soient aussi bonnes que celles des chercheurs travaillant en anglais.

Nous faisons beaucoup de choses au nom de l’équité – dans le cadre de notre engagement à donner aux chercheurs francophones un accès équitable aux avantages et activités de la Fédération. Certaines des choses que nous faisons ont trait spécifiquement à la célébration et au soutien des francophones – la langue, l’histoire et la culture. Par exemple, nous choisissons régulièrement des chercheurs francophones pour animer nos causeries Voir grand en français, que ce soit au Congrès ou sur la Colline parlementaire. Ces événements n’ont pas pour unique but d’ouvrir la porte à une audience francophone – leur but est d’établir un dialogue avec cette audience et de l’inviter dans notre cercle. Il s’agit là de créer un espace pour les francophones afin qu’ils puissent discuter, apprendre et connecter en tant que communauté.

J’en viens à la deuxième question que je suis censé aborder aujourd’hui : que souhaite faire la Fédération à l’avenir pour les chercheurs francophones?

Pour être honnête, je n’en suis pas entièrement certain. Nous espérons que ce nouveau projet de recherche nous y aidera! Mais avant de terminer, je souhaite partager avec vous quelques réflexions.

Tout d’abord, avant que des gens comme moi formulent des hypothèses sur ce dont les chercheurs francophones ont besoin, nous devrions vraiment poser aux chercheurs francophones quelques questions. De quoi ont-ils besoin venant d’organisations comme la nôtre? Ou de nos partenaires au gouvernement fédéral? Le Congrès peut-il devenir un lieu de rassemblement pour que les chercheurs francophones canadiens connectent et travaillent ensemble, ou bien est-ce que la conférence de l’ACFAS est un lieu plus approprié pour cela?

Si l’on se tourne vers les chercheurs eux-mêmes : comment peut-on faire en sorte de faciliter le travail en français lorsque tant d’incitations dans l’académie sont faites pour le travail en anglais? Est-ce que l’on doit vraiment choisir entre les deux? Peut-on trouver des moyens pratiques pour aider ces chercheurs à rester connectés et impliqués dans leurs communautés en travaillant dans les deux langues, peut-être en les récompensant par l’intermédiaire de financements à participer à des groupes de discussion et conférences plus larges?

Pour finir, n’est-il pas temps d’entamer une nouvelle conversation sur les communautés de langue française au Canada? A propos de l’apprentissage de leur langue, de la préservation de leur histoire, et de la promotion de leur culture? N’est-il pas temps pour plus de vision et d’ambition, et de réaffirmer le rôle essentiel que jouent les universités dans le maintien de la santé et de la vitalité des communautés francophones et dans l’édifice d’un Canada davantage bilingue? 

Ces questions valent la peine d’être posées à tout moment, mais à un moment où tant de choses liées au futur sembles incertaines, il est d’autant plus important de réaffirmer notre engagement envers la recherche francophone, et de ré-imaginer les différentes façons dont on peut l’aider à prospérer.

Pour plus d’informations sur ce projet et ce colloque, veuillez visiter www.acfas.ca/francophonie-minoritaire et visionner la vidéo de l’événement au https://vimeo.com/426119947.