Des nouvelles méthodes d’apprentissage pour « Imaginer l’avenir du Canada »

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July 14, 2015
Author(s):
Jo-Anni Joncas, doctorante en Administration et évaluation en éducation à l’Université Laval et reporteure pour l’initiative Imaginer l’avenir du Canada organisé par le CRSH et l’ACES

Pour continuer à prospérer au XXIe siècle, le Canada doit être proactif et réfléchir collectivement à ses possibilités d’avenir afin d’être en mesure d’anticiper ses besoins comme société et en matière de connaissances, ainsi que les enjeux auxquels il pourrait devoir faire face. C’est pourquoi l’initiative « Imaginer l’avenir du Canada » a été organisée par l’Association canadienne pour les études supérieures (ACES) et le Conseil de recherche en sciences humaines (CRSH) du Canada. Six questions ont été identifiées pour mettre en lumière les défis que le Canada devra relever dans un contexte mondialisé en évolution, et comment la communauté de recherche pourra y contribuer. Sollicitée au début de l’année 2015, l’Université Laval a participé à « Imaginer l’avenir » en regroupant des étudiants et des professeurs afin de répondre à deux des questions proposées par cette initiative. La question qui a été sélectionnée est :

Quelles sont les nouvelles méthodes d’apprentissage dont les Canadiens auront besoin, en particulier dans l’enseignement supérieur, pour réussir dans la société et sur le marché du travail de demain?

Quatre sujets principaux ont émergé des discussions :

  • Les participants ont reconnu l’importance des habiletés de communication et le rôle des TIC dans l’apprentissage. Pour faire face aux défis de demain, ils ont rappelé que les habiletés de communication doivent intégrer autant la rédaction, l’argumentaire que la vulgarisation et être développées dans la langue française, mais également dans la langue anglaise, et ce, particulièrement pour les étudiants aux 2e et 3e cycles. L’importance des TIC a été soulignée par plusieurs participants. Cela dit, dans le milieu de l’éducation, et principalement dans le monde de la recherche, ils se sont entendus pour dire que les TIC sont sous-utilisées et qu’il y a un fossé générationnel entre l’utilisation qu’en font les étudiants et les professeurs. L’utilisation des TIC présente alors un retard qu’il importe de combler pour en venir à être en avance sur leur utilisation courante. Les participants étaient également d’avis qu’une utilisation efficiente des TIC en éducation requiert une bonne formation des professeurs et que leur utilisation n’engendre pas nécessairement une diminution des coûts à court terme, car cela demande beaucoup de temps. Il faut revoir l’environnement universitaire selon les TIC et encourager leur utilisation plutôt que de la craindre.

  • Les participants ont soulevé quelques points vers lesquels les nouveaux modèles de recherche devront être axés. Ils ont reconnu l’importance du travail interdisciplinaire et l’ouverture vers la communauté et la société. Les participants ont insisté sur cette dernière activité qui bonifie la formation. Chez les professeurs chercheurs, les tâches pédagogiques et d’engagement social ne doivent pas être négligées au profit de la recherche même s’il existe une forte pression institutionnelle pour l’obtention de subventions et la publication. De plus, les participants ont insisté sur l’importance que les étudiants et professeurs chercheurs contribuent à la vulgarisation des connaissances scientifiques dans les médias ou dans des travaux d’érudition pour orienter le développement des autres institutions sociales et qu’ils contribuent au transfert des découvertes scientifiques dans les milieux preneurs. En plus de redonner la responsabilité sociale qui revient aux chercheurs, le décloisonnement de l’université vers les autres sphères de la société favoriserait la transition entre la formation universitaire et la carrière professionnelle des étudiants. Le financement de la recherche a aussi été abordé. Certains participants ont mentionné que la gestion des universités est trop axée sur des indicateurs quantitatifs et est incapable de témoigner de la qualité de la formation. Le financement ciblé a été critiqué, car les sommes allouées à la recherche universitaire sont concentrées en sciences de la santé, en sciences pures et en sciences appliquées même si ces secteurs n’accueillent pas la majorité des étudiants.

  • Les participants se sont questionnés sur l’ouverture de l’université face à la diversité étudiante, principalement vis-à-vis des étudiants plus âgés. Malgré la reconnaissance de l’apport de l’expérience de vie de cette population étudiante, les participants étaient peu enclins à l’intégrer dans les cours « réguliers » vu les différences marquées dans les objectifs de formation.

  • Les participants se sont interrogés quant au rôle de l’université pour promouvoir et appuyer le cycle des connaissances et le développement de la société. D’une part, certains avaient une conception plus utilitaire et fonctionnelle de l’université en étant d’avis que son rôle social est de former des travailleurs. D’autre part, certains avaient une vision plus humaniste de l’université en reconnaissant avant tout son rôle social de développement du citoyen. Ils ont reconnu que le rôle de l’université tend à changer avec les pressions qui s’intensifient sur elle pour participer à l’innovation technologique et sociale, ajoutées aux pressions du contexte de compétition mondiale qui demande la formation de chercheurs et de professionnels de haut niveau.