AFRIQUE AU POUVOIR » - Conférence plénière de clôture par Léonora Miano
Quiconque s’intéresse aux aspirations de la jeunesse militante d’Afrique subsaharienne francophone aura remarqué un engouement pour le panafricanisme, notion revitalisée par ce qui apparaît comme une mutation majeure des équilibres géopolitiques. Dans cette nouvelle configuration qui se mettrait en place, l’hégémonie de l’Occident laisserait place à un monde multipolaire, lequel ne se limiterait pas à déplacer les centres du pouvoir, distribuant désormais celui-ci entre forces égales ou perçues comme telles. Pour cette jeunesse aspirant à la souveraineté et à l’autodétermination, le panafricanisme est compris comme l’instrument par excellence qui permettra à l’Afrique de constituer un pôle de puissance. Et, dans les discours des activistes contemporains, un pôle de puissance n’est pas seulement une entité géopolitique, c’est aussi un univers civilisationnel. Il s’agit donc à la fois d’achever la décolonisation de l’Afrique subsaharienne, de la doter – on le suppose – d’une capacité de protéger la liberté retrouvée, et de lui restituer une identité que l’on affirme partagée par ses peuples. À partir de ces ambitions fréquemment exposées sur les réseaux sociaux notamment, on se posera les questions suivantes : Les peuples subsahariens de notre temps désirent-ils une Afrique fédérale ? Quelles seraient les expressions particulières du pouvoir africain ? En quoi la question de la civilisation est-elle pertinente dans un espace amplement modifié par l’expérience coloniale ?